dimanche 29 août 2021

n°1280 : Loi du sang de Johann Chapoutot

 

La loi du Sang ++++ (n°18 662)

Le 24 août 2021, j'ai fini de lire le livre de Johann Chapoutot, La loi du Sang, Penser et agir en nazi, 2020, 1ère édition, Gallimard, 2014.

Ce que j'ai aimé :

1°) C'est un ouvrage très bien écrit et qui est agréable à lire.

2°) L'auteur utilise un nombre impressionnant de sources pour montrer les fondements de l'idéologie nazie. Une idéologie qui est plus complexe et qui avait une cohérence fondée sur la race aryenne qui se place dans un rapport avec la nature et l'environnement mais en considérant d'autres êtres humains comme des bacilles à éliminer.

3°) Le livre montre clairement combien le nazisme est fondé sur un rejet total du christianisme, considéré comme un succédané de la religion juive.

4°) Dans le rapport à la nature et à sa survalorisation, il y a des propos qui montrent des parallèles évidents avec les ultra de l'écologie. Par exemple ces propos de Himmler : "Il va falloir rompre avec la folie de ces mégalomanes qui parlent de dominer la terre [...] L'homme n'est rien de particulier. Il n'est qu'une partie de ce monde. [...] L'homme doit réapprendre à envisager ce monde avec un respect sacré."

5°) L'ouvrage montre clairement la volonté d'asservir les peuples slaves de l'Europe de l'Est pour en faire les esclaves des nazis.

6°) D'un point de vue des relations internationales, l'idée était non seulement de revenir sur le traité de Versailles de 1919 mais aussi de revenir sur les traités de Westphalie de 1648 !

 

samedi 28 août 2021

n°1279 : M'as tu vu en cadavre ?

  

M'as tu vu en cadavre ? +++I (n°18 661)

Le 17 juillet 2021, j'ai fini de lire le livre de Léo Malet, M'as tu vu en cadavre ? , Livre de Poche, 1972, 1ère édition, 1971

Ce que j'ai aimé :

1°) Je n'avais jamais lu d'enquête de Nestor Burma et j'ai beaucoup aimé le personnage. Un flic un peu titi parisien avec la gouaille qui va avec.

2°) Ce roman policier nous replonge dans le Paris populaire des années 1960/1970, en particulier le 10 e arrondissement, autour du canal Saint-Martin. Un évocation très intéressante.

3°) Le récit est intéressant avec un suspens et un dénouement assez réussi.

Ce que j'ai un peu moins aimé :

1°) Le vocabulaire un peu grossier parfois un peu lourdingue.

vendredi 27 août 2021

n°1278 : The Underground Railroad

 

The Underground Railrad ++  (n°18960)

Le 29 juillet 2021, j'ai fini de lire le livre Whitehead Colson, The Underground railroad, Doubleday, 2016, réédition Paperback Fleet, 2017

Ce que j'ai aimé :

1°) C'est un ouvrage qui nous plonge dans l'horreur de l'esclavage des Etats du Sud au début du XIXe siècle. Le roman montre bien l'horreur de la vie des esclaves avec la violence permanente qu'ils subissent.

2°) Le récit montre bien combien il était difficile de fuir cet enfer (même s'il laisse croire qu'ils existaient un moyen de s'échapper qui n' as pas de sens).

3°) L'ouvrage montre aussi la violence de la société esclavagiste pour les blancs : la violence gratuite qui fait perdre tout sens moral, la trac des blancs qui aident les fugitifs.

Ce que je n'ai pas trop aimé :

1°) L'idée d'inventer une voie de chemin de fer souterraine pour permettre aux esclaves de s'échapper me paraît complètement absurde et conduit à donner peu de crédit à tout le reste du récit ce qui est très dommage.

jeudi 26 août 2021

n°1277 : Le musée Unterlinden à Colmar

 

Le Musée Unterlinden à Colmar +++I (n° 18 659)

Le 18 juillet 2021, je suis allé visiter le musée Unterlinden à Colmar.

Ce que j'ai aimé :

1°) J'ai retrouvé un très grand plaisir le musée Unterlinden que j'avais visité il y a plus de 30 ans en 1990. Le Musée a été agrandi et les collections ont été enrichies.

2°) Le cloître est vraiment superbe.

3°) Le musée possède des oeuvres du XVe/XVIe siècle mais aussi des des collections plus récentes (comme Monet, Otto Dix et Polyakoff).

Ce que je n'ai pas aimé :

1°) Je n'arrive pas à comprendre pourquoi dans le cadre de l'agrandissement du musée on a supprimé la piscine qui était située juste en face pour en faire une annexe du musée. Pour avoir nage en Allemagne dans ce genre de piscine construite à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, je peux témoigner que nager dans ce genre de lieu était magique.





Une photo de la piscine qui existait encore au début des années 2000 :

mercredi 25 août 2021

n°1276 : Si j'étais vous de Julien Green

 

Si j'étais vous ++I (n°18 658)

Le 7 août 2021, j'ai fini de lire le livre de Julien GREEN, Si j'étais vous, 1ère édition, Plon, 1946, Edition Livre de poche, 1977.

Ce que j'ai aimé :

1°) L'idée du livre est intéressante : la possibilité donnée à une personne de passer dans le corps et dans l'esprit d'autres personnes de son choix pour vivre autrement.

2°) Le fait que lorsque ce choix est possible, cela ne fonctionne pas car il est toujours compliqué d'être un autre.

3°) Le livre est écrit dans un très beau français.

Ce que je n'ai pas aimé :

1°) Le livre est rempli d'angoisses religieuses marquées par le christianisme et une morale bourgeoise étriquée. Cela ne ne donne vraiment pas envie. Parfois, on a l'impression d'étouffer.

2°) Il y a quelque chose de non fini dans ce livre. Soit il fallait que la possibilité de changer de corps ne change en rien la personnalité du personnage de départ, soit il fallait qu'il prenne la personnalité des autres mais là le récit n'est pas cohérent car on est toujours entre les deux possibilités.

mardi 24 août 2021

n°1275 : Une femme honorable de Françoise Giroud

  

Une femme honorable +++ (n°18657)

Le 15 août 2021, j'ai fini de lire le livre de François Giroud, Une femme honorable, Marie Curie, une vie, Livre de poche, 1998, 1ère édition, Fayard, 1981.

Ce que j'ai aimé :

1°) Je ne connaissais pas du tout la vie de Marie Curie. On se rend compte de l'importance de la Pologne dans sa vie. Elle y est née en 1867, elle y a vécu jusqu'à l'âge de 24 ans et elle a continué à y séjourner tout en recevant très régulièrement en France les membres de sa famille.

2°) L'auteur rend le personnage, Marie Curie, très attachant. On sent une énergie impressionnante.

3°) Le livre montre bien la complicité intellectuelle entre Marie Slodowska Curie et son mari Pierre Curie jusqu'à la mort de celui-ci en 1906. Je ne savais pas que Pierre Curie comment celui-ci était mort accidentellement écrasé par un fiacre rue Dauphine en 1906.

4°) L'auteur explique bien combien Marie Curie a été l'objet de campagne de presse assez révoltante, notamment en 1911 par le Journal "Le Journal" qui a divulgué une prétendue relation avec Paul Langevin alors que celui-ci était marié.

5°) L'ouvrage donne un détail assez précis de l'activité de Marie Curie pendant la guerre avec sa volonté de mettre en place les "Petites Curies", les laboratoires itinérants faisant des radios. 

6°) Marie Curie montre combien il était difficile à une femme de se faire reconnaître dans un milieu dominé par des hommes mais cependant il fallait des qualités exceptionnelles pour s'imposer.

Ce que j'ai moins aimé  :

1°) C'est un ouvrage très grand public qui manque un peu de rigueur. Le style a un aspect hagiographique qui est parfois un peu trop excessif.

2°) D'un point de vue scientifique, je suis resté un peu sur ma faim. Cela mérite plus de développement.

3°) Je n'aime pas le titre "Une femme honorable". Je trouve que l'adjectif porte une évaluation à caractère morale et je trouve cela un peu hors sujet. Marie Curie a été une femme honorable comme des millions de femmes. Le titre ne souligne pas le caractère exceptionnel de cette femme.

 


samedi 14 août 2021

n°1274 : Le mythe de la procréation à l'âge baroque

 

Le mythe de la procréation à l'âge baroque ++++ (n°18468)

Le 12 août 2021, j'ai fini de lire le livre de Pierre DARMON, Le mythe de la procréation à l'âge baroque, Point Seuil, 1981, 1ère édition J.-J. Paulvert, 1977.

Ce que j'ai aimé :

1°) C'est un ouvrage excellent tant du point de vue de l'histoire des mentalités que de l'histoire des sciences : la question de savoir comment la reproduction humaine fonctionnait et les différentes réponses données du XVIe au début du XIXe siècle.

2°) En ce qui concerne l'histoire des sciences, je ne connaissais pas du tout le nom des scientifiques qui les premiers ont montré l'existence des gamètes : parmi les noms à retenir : le norvégien Nicolas Sténon qui dans les années 1660 a montré l'existence des ovaires, le hollandais Reinier de Graaf qui dans le Traité des organes génitaux de la femme (1672) a montré l'existence des ovules, le hollandais Louis de Ham qui en 1677 a fait la 1ère observation des spermatozoïdes et a été repris par un autre hollandais Leeuwenhoek qui a porté connaissance de cette découverte à la Royal Society de Londres. La première fécondation artificielle a été pratiquée en 1789 par l'écossais John Hunter et pour la France par Michel-Augustin Thouret en 1804.

3°) La question à l'âge baroque était de savoir qui des hommes et des femmes avaient le rôle prépondérant dans la reproduction. Certains estimaient que les femmes n'y étaient presque pour rien et étaient juste des machines à reproduire au service des hommes. La palme revenant à un allemand appelé Acidalius qui en 1595 publia une brochure intitulée Mulieres non esse homines.D'autres au contraire pensaiten que c'était la femme qui jouait un rôle prépondérant. Certains affirmant même que les femmes pouvaient faire des bébés toute seule. On peut retenir le médecin et architecte Claude Perrault qui publia en 1676 un "Mémoire pour servir à l'histoire des animaux ou traité de mécanique des animaux" dans lequel il affirmait que les femmes pouvaient procréer sans le concours nécessaire d'un homme avec l'idée que les germes étaient répandus partout dans l'univers.

4°) Le côté baroque des croyances laissait croire à la possibilité de créer des monstres : par exemple l'historien Sauval raconte qu'il  a vu le foetus d'une fille à tête de chat "conservé dans une fiole d'eau de vie, qui était la propriété d'un curieux du cloître Saint-Merri".

5°) L'idée que ce à quoi pensait les femmes pendant la conception a permis d'éviter quelques soucis. Par exemple, quand les bébés qui ressemblaient au meilleur ami de la famille plutôt qu'au père de l'enfant. De même, certaines jeunes femmes réussissaient à faire croire qu'elles étaient tomber en ceinte en allant à l'étuve en raison des effluves masculines qui y étaient répandues ou parce qu'elles étaient juste dans un environnement licencieux... mais sans y participer. 

6°) La question de la durée de la grosses a aussi permis à certaines femmes de cacher ce qui ressemble fort à un adultère. Ainsi en 1637, le Parlement de Grenoble a innocenté Magdeleine d'Aumont d'Aiguimière qui avait mis au monde un garçon alors que son mari était absent depuis 4 ans avec l'idée qu'une grossesse pouvait être décalée dans le temps.

7°) L'auteur évoque de manière très intéressante aussi l'idée que des hommes aient pu porter des enfants. Il y a des pages édifiantes à ce sujet.

8°) L'auteur montre progressivement comment les sages-femmes ont vu leur rôle progressivement remis en question même si dès le XVe siècle certaines ont été accusées de sorcellerie, par exemple dans le livre de Jakob Sprenger, Malleus maleficiarum (1485/1487). Peu à peu, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, des médecins masculins se sont imposés dans les domaines liés à l'accouchement.

9°) L'auteur évoque à plusieurs reprises Angélique Marguerite Le Bourcier du Coudray qui était une sage femme du XVIIIe siècle qui a fait de nombreux enquêtes sur les erreurs commises par les sages-femmes à son époque en France.

Ce que j'ai moins aimé :

1°) Pour certains sujets, l'auteur oublie de citer précisément les dates.

2°) L'ouvrage manque d'un index pour retrouver les pages dans lesquelles les personnages sont cités.