Une femme à Berlin ++ (N°14 054)
Le 14 janvier 2009, J'ai fini de lire le livre Une femme à Berlin, 20 avril-22 juin 1945, Folio 4653, présentation Hans Magnus Enzensberger, traduit de l'allemand par Françoise Wuilmart.
Ce que j'ai aimé :
1°) C'est un livre intéressant pour étudier un pays qui touche le fond : il s'agit ici de Berlin, avant et pendant le passage de l'Armée rouge. C'est le chaos total... plus de nourriture, plus d'eau courante, plus d'Etat, et la population civile livrée à une armée d'occupation.
2°) On se rend compte que l'allemande qui témoigne semblait complètement ignorer les camps dans lesquels les Juifs étaient exterminés et on sent qu'elle est interpelée par les informations diffusée à la radio le dimanche 27 mai 1945 : "Il paraît qu'à l'Est, des millions de gens, pour la plupart juif, ont été brûlés dans des camps, de grands camps. Il paraît aussi qu'on aurait utilisé leurs cendres comme engrais chimique. Et ce qu'il ya de plus incroyable : tout aurait été soigneusement noté dans de gros livres, registres comptables de la mort. Il se fait que notre peuple aime l'ordre. Plus tard dans la soirée, il y eut du Beethoven, qui fit jaillir des larmes. J'ai tourné le bouton. Pour l'instant, c'est insupportable."
3°) page 155, la jeune femme se plaint que les Russes "sont desespérement normaux"... pas une seul homosexuel, et donc pas un soldat, qui ne montrerait pas de goût pour violer toute femme qui passe.
4°) page 77, (26 avril 1945) : "A la fin de cette guerre, à côté des nombreuses défaites, il y aura la défaite de l'homme en tant que sexe" (pour dénoncer le fait que les hommes qui prétendaient dominer dans le modèle de société nazi se terrent et dépendent des femmes au moment de l'arrivée de l'Armée rouge).
5°) La morale de cette histoire : "Homo homini lupus, voilà qui demeure vrai, en tout lieu et en tout temps [...] Dans l'homme affamé, c'est le loup qui l'emporte". La faim est au centre de ce journal. Elle explique tous les renoncements, tous les oublis de l'Humain.
6°) On se rend compte que la disparition d'Hitler (le 30 avril) n'a pas été une rupture. La nouvelle est annoncé avec retard et de manière anodine comme si cela n'avait plus aucune importance.
Ce que j'ai moins aimé :
1°) C'est un ouvrage éprouvant en raison des viols que l'on trouve évoqué et parfois décrit de manière très détaillé à de nombreuses pages. C'est parfois un peu pesant. Après avoir lu il y a peu le livre d'Esther Mujawayo SurVivantes à propos du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, la foi en l'être humain n'est pas une évidence et renforce mon pessimisme du futur... Ceci dit comme l'a dit Gramsci "Le pessimisme du futur est l'optimisme du présent"...
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