jeudi 18 février 2010

n° 602 : Opuscules sur l'Histoire

Opuscules sur l'histoire de Kant +++ (N°14 453)

Le 15 février 2010, j'ai fini de lire le livre d'Emmanuel KANT, Opuscules sur l'histoire, Garnier Flammarion, 1990

Ce que j'ai aimé :

1°) C'est un recueil de différents petits essais écrits par Kant entre les années 1780 et 1797. On y retrouve toute la force de la pensée des Lumières.

2°) Kant est un remarquable analyste de la société. Il affirme que les hommes ont besoin d'un maître car individuellement il tend trop à l'égoïsme. Le problème est que le "maître" est lui-même aussi humain..."Or, ce maître, à son tour, est comme lui un animal qui a besoin d'un maître"... "On ne conçoit pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice publique un chef juste par lui-même". (page 78)

3°) J'aime beaucoup aussi cette idée qui montre la complexité de la nature humaine : "Le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites". (page 78).

4°) Kant affirmait qu'un jour pour mettre fin à l'anarchie internationale "Un Etat cosmopolite universel arrivera un jour à s'établir" (page 86)... Cette belle prophétie n'a pas encore été réalisée !

5°) J'ai apprécié ces très belles lignes : "Mais on ne peut certes tenir rigueur à l'homme de témoigner d'une mentalité enfantine, DE CRAINDRE LA MORT SANS AIMER LA VIE ; il a bien du mal, n'importe quel jour de son existence, à goûter une satisfaction passable : et pourtant il souhaiterait prolonger encore cette vie pour recommencer ce calvaire" (page 162)

6°) Kant affirme qu'il faut craindre l'alongement de l'espérance de vie "les vices d'une espèce humaine vivant si longtemps devraient atteindre un tel degré qu'ils ne mériteraient meilleur sort que d'être supprimés de la terre sous un déluge" (page 162).

7°) Kant défend l'unité du genre humain et dénonce les thèses racistes même si pour le faire il a des propos qui aujourd'hui sortis de leur contexte sont politiquement très incorrects "le dégagement d'acide phosphorique (ce qui fait que tous les Nègres sentent cette mauvaise odeur)" (page 60). Cela m'a fait repenser à mon prof d'Histoire Jacques Marseille qui en amphi à la Sorbonne avait la bêtise de prendre des citations de Marx ou de Lénine à propos des "nègres" pour prouver qu'ils étaient racistes. Cela doit aussi convaincre qu'il est inutile de vouloir interdire "Tintin au Congo" au nom du fait que cette B.D. serait "raciste".

8°) Kant a cette très belle idée que le mal dont est capable l'Homme est ce qui fait sa spécifité par rapport à l'animal. On ne peut donc pas affirmer que l'Histoire a un sens positif ou négatif. Ce qui fait la grandeur de l'Homme est qu'il est capable du pire comme du meilleur. Sachant qu'il peut prendre conscience de sa capacité au pire, on peut espérer qu'il va donc dans un sens positif. Cependant, Kant conclut que rien ne peut être dit de définitif. Il réfute à la fois l'idée de l'âge d'ôr dans le passé mais aussi l'idée d'un progrès dans l'Histoire. Il propose donc une réfutation aux philosophies de l'Histoire d'Hegel et Marx avant même qu'elles ne soient formulées.

Ce que j'ai moins aimé :

1°) Le ton un peu narquois et un peu suffisant d'un compte-rendu d'un texte de Herder.

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