n°1242 : L'Islam dans sa Première Grandeur

 

L'Islam dans dans Première Grandeur +++ (n°18 286)

 Le 15 août 2020, j'ai fini de lire le livre de Maurice Lombard, L'Islam dans la Première grandeur, VIIIe XIe siècle, Champs Flammarion, 1980, 1ère édition, Flammarion, 1971

 Ce que j'ai aimé :

 1°) Même si c'est un livre aujourd'hui très ancien, ce livre est une mine en ce qui concerne les échanges économiques au sein du monde musulman des premiers siècles entre le VIIIe et le XIe siècle. 

 2°) L'auteur explique parfaitement la différence entre arabisation (la langue), islamisation (la religion) et sémitisation (la population). Les trois sont liés mais différents.

 3°) L'ouvrage est passionnant pour montrer combien le monde musulman des premiers siècles s'inscrit dans une grande tolérance envers les Juifs et les Chrétiens ( et tout particulièrement les Juifs qui jouent un rôle de premier plan).

 4°) On y comprend aussi comment ce monde musulman qui se créé puise dans des traditions locales plus anciennes : empire byzantin, empire sassanide, monde urbain du Croissant Fertile et même des influences moins connus comme les berbères pour l'expansion dans le Sahara.

5°) Cet ouvrage garde toujours une approche géographique pour montrer la diversité des espaces unifiés par l'espace islamisé entre le VIIIe et le XIe siècle 

6°) L'ouvrage est très instructif en ce qui concerne le commerce d'esclaves. On apprend ainsi que Verdun était un grand centre de commerce pour les esclaves slaves d'Europe orientale qui ensuite étaient redirigés vers le monde musulman.

7°) En ce qui concerne l'importance du monde urbain, on y apprend que certaines villes avaient déjà un développement vraiment impressionnant. La comparaison par exemple de la Bagdad avec la Rome antique montre combien elle était énormément plus étendue (et qu'elle avait quasiment la même superficie que Paris [sans la banlieue]). Sur Bagad, il y a des passages vraiment intéressants.

 Ce que j'ai moins aimé :

 1°) Cet ouvrage est emblématique d'une époque où tout s'expliquait par l'économique. Du coup l'histoire politique est laissée en arrière plan (les dynasties et les califes défilent sans qu'on prenne le temps de les situer) et en ce qui concerne l'histoire religieuse et culturelle l'ensemble est encore plus léger mais il est vrai que ce n'est pas le sujet de l'ouvrage.

 2°)  En ce qui concerne les moteurs de la conquête musulmane et mais aussi les résistances à cet élan (par exemple de la part des Berbères) l'ouvrage n'est pas très satisfaisant.