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samedi 14 août 2021

n°1274 : Le mythe de la procréation à l'âge baroque

 

Le mythe de la procréation à l'âge baroque ++++ (n°18468)

Le 12 août 2021, j'ai fini de lire le livre de Pierre DARMON, Le mythe de la procréation à l'âge baroque, Point Seuil, 1981, 1ère édition J.-J. Paulvert, 1977.

Ce que j'ai aimé :

1°) C'est un ouvrage excellent tant du point de vue de l'histoire des mentalités que de l'histoire des sciences : la question de savoir comment la reproduction humaine fonctionnait et les différentes réponses données du XVIe au début du XIXe siècle.

2°) En ce qui concerne l'histoire des sciences, je ne connaissais pas du tout le nom des scientifiques qui les premiers ont montré l'existence des gamètes : parmi les noms à retenir : le norvégien Nicolas Sténon qui dans les années 1660 a montré l'existence des ovaires, le hollandais Reinier de Graaf qui dans le Traité des organes génitaux de la femme (1672) a montré l'existence des ovules, le hollandais Louis de Ham qui en 1677 a fait la 1ère observation des spermatozoïdes et a été repris par un autre hollandais Leeuwenhoek qui a porté connaissance de cette découverte à la Royal Society de Londres. La première fécondation artificielle a été pratiquée en 1789 par l'écossais John Hunter et pour la France par Michel-Augustin Thouret en 1804.

3°) La question à l'âge baroque était de savoir qui des hommes et des femmes avaient le rôle prépondérant dans la reproduction. Certains estimaient que les femmes n'y étaient presque pour rien et étaient juste des machines à reproduire au service des hommes. La palme revenant à un allemand appelé Acidalius qui en 1595 publia une brochure intitulée Mulieres non esse homines.D'autres au contraire pensaiten que c'était la femme qui jouait un rôle prépondérant. Certains affirmant même que les femmes pouvaient faire des bébés toute seule. On peut retenir le médecin et architecte Claude Perrault qui publia en 1676 un "Mémoire pour servir à l'histoire des animaux ou traité de mécanique des animaux" dans lequel il affirmait que les femmes pouvaient procréer sans le concours nécessaire d'un homme avec l'idée que les germes étaient répandus partout dans l'univers.

4°) Le côté baroque des croyances laissait croire à la possibilité de créer des monstres : par exemple l'historien Sauval raconte qu'il  a vu le foetus d'une fille à tête de chat "conservé dans une fiole d'eau de vie, qui était la propriété d'un curieux du cloître Saint-Merri".

5°) L'idée que ce à quoi pensait les femmes pendant la conception a permis d'éviter quelques soucis. Par exemple, quand les bébés qui ressemblaient au meilleur ami de la famille plutôt qu'au père de l'enfant. De même, certaines jeunes femmes réussissaient à faire croire qu'elles étaient tomber en ceinte en allant à l'étuve en raison des effluves masculines qui y étaient répandues ou parce qu'elles étaient juste dans un environnement licencieux... mais sans y participer. 

6°) La question de la durée de la grosses a aussi permis à certaines femmes de cacher ce qui ressemble fort à un adultère. Ainsi en 1637, le Parlement de Grenoble a innocenté Magdeleine d'Aumont d'Aiguimière qui avait mis au monde un garçon alors que son mari était absent depuis 4 ans avec l'idée qu'une grossesse pouvait être décalée dans le temps.

7°) L'auteur évoque de manière très intéressante aussi l'idée que des hommes aient pu porter des enfants. Il y a des pages édifiantes à ce sujet.

8°) L'auteur montre progressivement comment les sages-femmes ont vu leur rôle progressivement remis en question même si dès le XVe siècle certaines ont été accusées de sorcellerie, par exemple dans le livre de Jakob Sprenger, Malleus maleficiarum (1485/1487). Peu à peu, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, des médecins masculins se sont imposés dans les domaines liés à l'accouchement.

9°) L'auteur évoque à plusieurs reprises Angélique Marguerite Le Bourcier du Coudray qui était une sage femme du XVIIIe siècle qui a fait de nombreux enquêtes sur les erreurs commises par les sages-femmes à son époque en France.

Ce que j'ai moins aimé :

1°) Pour certains sujets, l'auteur oublie de citer précisément les dates.

2°) L'ouvrage manque d'un index pour retrouver les pages dans lesquelles les personnages sont cités.

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