Un bloc notes créé en janvier 2006 à vocation d'abord personnelle. Si cela en intéresse d'autres tant mieux sinon... tant pis !

vendredi 4 mars 2011

n° 691 : Lutèce. Paris, des origines à Clovis


Lutèce, Paris des origines à Clovis - (n° 14 832)

Le 1er mars 2011, j'ai fini de lire le livre de Joël SCHMIDT, Les origines de Lutèce, Perrin, 1986, réédition Tempus, 2009.


Ce que j'ai aimé (malgré tout) :

1°) Le sujet est intéressant : Paris (ou Lutèce) à l'époque de l'Antiquité.

2°) Il y a un rappel très intéressant du replu de Paris sur l'île de la Cité après l'époque faste de Paris (sur la rive gauche) au cours du IIe siècle après J.-C.

3°) Le livre insiste fort justement sur l'époque où Lutèce était la ville où étaient installés des empereurs de l'Empire romain d'Occident au IVe siècle après J-.C : Julien, Valentinien Ier et Gratien.

4°) Je n'avais pas conscience du fait que la proclamation de Justinien comme empereur s'était faite vraiment au cours d'une révolution populaire et militaire qui rappelle d'autres tumultes connus par la suite à Paris.

5°) J'ai appris qu'à Saint-Maur-des-Fossés, on avait retrouvé 52 sépultures qui datent du IIIe siècle avant J.-C.

6°) Une histoire dont je n'avais jamais entendu parler : le ras de marée de -115 avant J.-C. dans le Jutland qui serait à l'origine de l'invasion des Cimbres suite à un "grossissement des eaux de la Mer Baltique" (page 61).

7°) Je ne savais rien de Camulogène que l'auteur nous présente comme le Vercingétorix parisien à l'époque de la conquête romaine.

Ce que je n'ai pas du tout aimé :

1°) Tout le début du livre (la période gauloise) est un véritable ramassis d'imprécisions et d'approximations qui n'on aucun intérêt. L'auteur nous raconte une histoire de Paris dont on ne sait en fait absolument rien. Pour preuve, de nombreux archéologues pensent que la capitale des Parisis était en fait sur le site de l'actuelle ville de Nanterre (ce que l'auteur ne dit à aucun endroit). Du coup, on a droit à une série de "on peut penser que", "sans doute", "une soirte de" qui n'ont pas leur place dans un livre d'histoire.

2°) L'auteur donne dans le folklore local inspiré de l'historiographie du XIXe siècle qu'il cite "Les Parisiens étaient des hommes de haute taille, ayant la peau blanche, les yeux bleus, les cheveux blonds, le regard méchant et farouche. Les riches donnaient à leur chevelure une couleur d'un rouge très prononcé" (page 33).

3°) On touche le fond page 49. Après nous avoir expliqué les pratiques particulièrement cruelles des Gaulois (avec notamment des sacrifices humains", l'auteur affirme "on peut inciter que l'affluence des sources, des rus, des petites rivières, des grands fleuves qui jaillissent ou coulent sur leur territoire a incité les Parisiens à se livrer à des cultes moins barbares"... On franchit le mur du çon pour reprendre une expression du Canard enchaîné !

4°) Une comparaison superbe de bêtise page 86 : "Vercingétorix, sorte de Jean Moulin de l'Antiquité, a unifié les réseaux de résistance aux Romains". On ne sait pas si les armées gauloises pourraient être rebaptisées les FFI !

5°) L'auteur cite quasiment comme une source historique le livre Mémoire d'un Parisien de Lutèce qui aurait vécu en 219 après J.-C... Un livre de fiction écrit par Joël Schmidt ! (La citation dure plus de 3 pages en continu !).

6°) L'auteur qui ne semble pas bien maîtrisé des fondamentaux de l'Histoire affirme page 264 que "le Peuple de Paris envahira les Tuileries au moment de la Fronde pour s'assurer de la présence du jeune roi Louis XIV"... Le peuple aurait certainement du chercher longtemps s'il était allé aux Tuileries puisque le jeune roi était installé avec sa mère au Palais Royal (situé certes pas très loin de là et qui était devenu propriété du roi de France après avoir été construit par le Cardinal de Richelieu) où cette scène s'est donc déroulée !

7°) La bibliographie proposée en fin d'ouvrage est certes assez longue : 4 pages. Mais elle est très dépassée et la plupart des ouvrages sont du XIXe siècle. De même l'ouvrage ne propose qu'une carte : celle des villes romaines et des grandes voies romaines en Gaule... Il n'y a même pas un plan de Paris.

Bref, pour ceux qui s'intéressent à une synthèse très bien faite sur les débuts de Paris, c'est un livre à éviter absolument. Je conseille plutôt le livre de Jean FAVIER, Histoire de Paris, 2000 ans d'histoire, Fayard, 1997.

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