Métronome - (n° 15 282)
Le 30 avril 2012, j'ai fini de lire le livre de Loràant DEUTSCH, Métronome, Robert Lafon, 2009. Je n'ai tellement pas aimé ce livre que j'ai oublié d'en faire le compte rendu de lecture. Voilà l'erreur réparée.
Ce que je n'ai pas aimé :
1°) Ce livre est un best seller ce qui me sidère car d'un point de vue historique il a d'énormes lacunes. L'auteur colporte des histoires en laissant penser qu'elles sont vraies (je pense par exemple à Saint-Denis qui aurait pris sa tête sous le bras [page 52] alors qu'on sait très bien qu'il s'agit d'une légende due au fait que les personnes décapitées étaient représentées avec leur tête dans leur main et que le bon peuple a pris la représentation au pied de la lettre). Cela conduit aussi l'auteur a multiplé les expressions "on dit que" "paraît-il" (page 107).
2°) L'auteur pratique une style un peu lourdingue pour essayer de donner de l'intérêt à son récit. Il faudrait compter les points d'exclamations (8 par exemple pages 118 à 121), les points de suspension (4 pages 120-121) et les points d'interrogation. C'est un style qui convient pour les blogs mais pas pour un livre.
3°) L'auteur écrit quelques âneries. Par exemple les ossements de Fouquet auraient été transférés dans les catacombes en 1785 au moment de la fermeture de certains cimetières parisiens (page 50). A ma connaissance, Fouquet est toujours dans la crypte de l'église Notre-Dame-de-la-Visitation dans le 4e arrondissement (église qui depuis est devenue un temple réformée). Autre monstruosité, on nous parle du style rococo fin de siècle à propos de l'église Notre-Dame des Champs (qui date de la fin du XIXe siècle). Il faudrait que M. Deutsch prenne des cours d'histoire de l'art car si la façade Notre-Dame-des-Champs est tout sauf en style rococo : c'est un mélange de style néo-classique et néo-byzantin.
4°) Une énorme partie du livre est consacrée à des périodes mal connues des historiens eux-mêmes. L'auteur en fait des tartines et des tartines sur le Bas Empire romain et sur la période mérovingienne. Sur 377 pages, l'an mille n'apparaît qu'à la page 193 ! Comme les temps obscurs ont laissé peu d'archives et beaucoup de récits très enjolivés, cela permet de dire tout et n'importe quoi.
5°) L'auteur a eu une idée excellente en partant pour chaque chapitre d'une station de métro précise. Le problème est qu'il ne s'en tient pas à cette idée géniale puisqu'à chaque fois il renvoie le lecteur vers d'autres lieux parfois fort lointain dans Paris.
Ce que j'ai aimé quand même.
1°) Ce livre permet d'intéresser les Parisiens et les visiteurs de Paris à l'histoire de la capitale. Le succès du livre en librairie montre qu'il y a une demane. Le problème est l'ignardise criante d'une partie de nos concitoyens (et même des journalistes) en matière historique. Au pays des incultes dans le domaine historique, Laurànt Deutsch peut avoir droit aux éloges.
2°) J'ai sur le fond de l'estime pour Laurànt Deutsch. Il a fait ce livre avec toute sa flamme et cela bien sûr je le respecte.
3°) Je dois admettre que j'ai découvert certains faits que j'ignorais totalement (et qui me semblent véridiques même si je me méfie en raison des nombreuses erreurs que j'ai relevées). Voici quelques exemples : j'ignorais que des momies égyptiennes s'étaient retrouvées sous la colonne de la Bastille (page 337), je ne savais pas qu'en 2009 des fouilles rue de Rivoli avaient prouvé l'existence d'une enceinte du Xe siècle (page 247) ou que Gérard de Nerval s'était pendu le 26 janvier 1855 (page 158) dans une venelle qui devait se située dans la partie ouest de l'actuelle 4e arrondissement : la rue de la Vieille-Lanterne qui était située à l'emplacement du théâtre de la Ville (place du Châtelet).
4°) Dans l'ensemble la 2e partie du livre qui correspond à des époques beaucoup mieux connues de l'histoire de Paris est vraiment plus intéressantes.
C'est bien, tu relativises un chouilla tes propos du début ;-) Un bouquin plein de défauts. Moi, ce qui m'avait un peu gêné mais qui rend le bouquin intéressant à beaucoup (notamment aux moins cultivés en Histoire d'entre nous), c'est qu'il y a beaucoup de petites histoires, quitte à malmener la grande Histoire.
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